Les mots ne valent rien tant qu'ils ne sont pas prononcés à voix haute, ou écrits noir sur blanc. J'ai été amoureuse de toi, probablement ; et tu n'imagines pas quel effet cela a sur moi, de l'écrire avec de vrais mots, une ponctuation, et d'avoir cette évidence sous les yeux, sans jamais me l'être complètement avouée. Et je sais que tu as ressenti cette connexion, toi aussi. Mais il est bien plus simple de céder à la facilité, se dire que la distance sera trop forte pour cet amour trop grand, tourner les talons et dire adieu, n'est-ce pas ? C'est l'option que j'ai choisie, pour toi qui pensait n'être que mon ami. C'est ce que je pensais aussi. Pourtant, mes sentiments étaient là, bien enfouis en moi, à l'intérieur de mon corps tombant sous le charme de ton âme. Mais la seule option envisageable était de faire semblant. J'ai alors été ton amie : lorsque tu te confiais à moi, je te conseillais et te donnais les clés pour être le plus heureux possible - même lorsque cela engendrait de l'être sans moi. Lorsque tu me parlais d'opportunités à saisir, je t'encourageais à courir vers elles - bien qu'elles t'emmenaient souvent loin de moi. Je t'aidais à construire ton bonheur tout comme tu as su faire naître le mien. Je ne disais rien, silencieuse, parce que pour la première fois, j'ai pensé au bonheur d'autrui avant le mien. J'ai fait preuve d'une compréhension et d'une générosité dont je ne me serais jamais crue capable. Tu as réussi à provoquer quelque chose en moi, quelque chose qui a tout chamboulé et qui a enfin fait de moi une bonne personne, souhaitant ton bien plus que n'importe quelle autre chose sur cette terre. J'ai cru que jamais il ne serait possible d'en souffrir et que cette relation ne m'apporterait que de la joie. Mais tout ce qu'il m'en reste aujourd'hui est une montagne de regrets. Parce que la seule personne qui aurait pu me rendre heureuse me tendait la main, et que je me suis enfuie. Enfuie par peur de ne pas pouvoir t'apporter assez de bonheur, lorsqu'il en était encore temps.